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Frédéric Bardeau, président de Simplon, personnalité IT 2022 du Monde Informatique : « Nous allons créer des formations à bac +5 »

Les lecteurs du Monde Informatique ont élu le président et cofondateur de Simplon personnalité IT de l’année 2022. Interrogés par notre confrère, Frédéric Bardeau évoque les ambitions de l’école de code inclusive qui fête ses 10 ans cette année. (Crédit Photo: Thomas Leaud/LMI)

Le Monde Informatique :  Vous avez été élu personnalité IT de l’année 2022 par les lecteurs du Monde Informatique. Comment réagissez-vous ?

Frédéric Bardeau : Je suis très heureux, ainsi que toute l’équipe. Il s’agit d’une consécration pour Simplon dont l’objectif est de former des personnes éloignées de l’emploi à l’IT. Cela montre que l’école a un rôle de modèle à jouer sur la diversité dans ce secteur. De plus, cela donne un signal fort aux entreprises qui hésitent encore à faire appel à cette diversité.

Pouvez-vous nous rappeler l’origine de Simplon ?

L’idée est née en 2013. Elle est venue des bootcamps aux États-Unis qui proposaient des formations courtes à la programmation informatique. Plusieurs initiatives ont vu le jour en France dont la nôtre, mais aussi le Wagon ou l’école 42. Aujourd’hui, nous disposons de 131 écoles dans 28 pays et nous avons formé 22 000 personnes. Nous mettons l’accent sur l’inclusion des demandeurs d’emploi, des personnes handicapées, des réfugiés, etc. La mixité est aussi importante avec 40% de femmes.

En 2023, vous fêtez vos 10 ans. Quelle est votre feuille de route ?

Nous voulons continuer à creuser le sillon en améliorant l’offre sur le DevOps, la cybersécurité, la XR (Extended Reality) ou le cloud. Aujourd’hui, sur les 22 000 personnes formées, la moitié l’est en développement et l’autre à l’infrastructure – l’administration réseau notamment -. Par ailleurs, nous allons continuer à nous étendre à l’international, notamment en Amérique latine et en Asie. Dans la première de ces deux zones géographiques, certains pays de la zone off-shore des États-Unis expriment une forte demande. En Asie, nous sommes déjà présents en Corée du Sud à travers notre partenariat avec Microsoft et nous allons ouvrir au Cambodge, voire aux Philippines.

En matière de formation, quelles sont les évolutions à attendre cette année ?

En 2023, nous allons déployer des cursus de niveau bac +5. Il s’agit d’une demande à la fois des ESN avec qui nous travaillons, mais aussi des apprenants. Les formations dispensées actuellement donnent accès à des diplômes de niveau bac+3 et bac+4, sur l’IA dans certaines écoles, par exemple. Nous avons donc enclenché la démarche auprès de France Compétences pour valider deux titres de data ingénieur et de  développeur en réalité virtuelle et augmentée.

Quelles tendances IT observez-vous dans les entreprises avec lesquelles vous travaillez  ?

Les stratégies IT des entreprises évoluent vers une ré-internalisation des compétences avec la création d’une digital factory ou la bascule vers l’edge computing. La demande en compétences dans les ESN et les DSI est forte et elles se tournent vers nous. Un autre phénomène important, c’est la demande de reconversion dans les grandes structures comme La Poste, la SNCF ou Natixis. L’idée est de garder les salariés et de les former à des métiers de l’IT dans plusieurs domaines : développement Java, data analyste, IA, data product owner. En revanche, là où nous avons plus de mal pour placer nos apprenants, c’est dans les start-ups et les licornes. Peut-être qu’avec la distinction du Monde Informatique, nous allons avoir une meilleure reconnaissance auprès d’eux.

La RSE autour du numérique est une autre tendance forte. Est-ce que vous l’intégrez dans les formations ?

Il y a plusieurs axes, comme par exemple l’accessibilité du web, avec la certification Opquast, qui fixe de bonnes pratiques pour le développement. Sur la partie Green IT, il n’y avait jusqu’alors que peu de répondant de la part des entreprises. Mais cela change avec l’écoconception et des initiatives sur ce sujet à Toulouse, par exemple. Cela requiert des compétences supplémentaires en plus de celle de développeur.

L’arrivée d’assistants au code à base d’IA constitue-t-elle une menace pour le métier de développeur selon vous ?

C’est la énième fois que l’on nous annonce la fin des développeurs. Mais le codage ne constitue qu’une partie du métier. Je ne suis pas sûr qu’une IA soit capable de discuter avec le client pour connaître ses besoins. Pour autant, il ne faut pas écarter la technologie et nous testons Copilot de GitHub sur une partie des référentiels de règles. Il apporte plus de clarté et moins d’erreurs.

Les profils de vos élèves évoluent-ils ?

La base d’apprenants reste les personnes éloignées de l’emploi, ceux qui ont traversé un accident de la vie, des chômeurs, des réfugiés. Mais nous avons de plus en plus de candidats vec moins de problèmes et davantage de soft skills. C’est une bonne chose, car cela apporte une diversité supplémentaire. Et cela devrait s’amplifier avec l’arrivée des diplômes en bac +5.

Quel est le taux d’emploi des élèves ?

La période Covid a eu un impact sur le taux d’emploi et 60% seulement ont trouvé un poste dans les 6 mois. Aujourd’hui, ce taux a grimpé à 70%.

Propos recueillis par Jacques Cheminat

Article original sur le site de notre publication sœur Le Monde Informatique