L’Institution a lancé une campagne de promotion dans les médias sociaux de la fonction d’adjoint de sécurité dans les réseaux sociaux. En ciblant précisément certains internautes, elle lève de nombreux obstacles qui se dressent entre elle et des candidats potentiels.

Pour recruter ses adjoints de sécurité (ADS) et ses Cadets de la République, la Police Nationale a longtemps compté sur l’affichage, la publicité dans la presse papier, et quelque 900 rencontres de terrain chaque année, dont 600 forums. Or, pour le commandant de Police Tatiana Brissot, chef d’unité UPREC (Unité promotion recrutement égalité des chances) qui a la charge de la promotion des métiers et du recrutement de la Police Nationale en Ile-de-France, la publicité classique est chère et n’est plus efficace. Elle a donc fait le choix de tester un mode de communication plus adapté au jeune public visé en 2019 : les réseaux sociaux.

Une campagne test de deux mois

Les ADS sont recrutés en CDD, sans Bac jusqu’à Bac+5, puis passent en priorité le concours de gardien de la paix. Les Cadets de la République, eux, sont en alternance en formation au métier d’ADS et préparés au concours. « Nous cherchons donc des 18-30 ans qui ne lisent pas la presse et ne regardent pas la télévision, rappelle le commandant Tatiana Brissot. Quant aux nombreux contacts que nous avons sur les forums de terrain, c’est formidable, mais ce sont des personnes déjà intéressées par nos métiers. »  Pour toucher plus largement ceux qui ne s’intéressent pas spontanément aux métiers de la Police ou ne les connaissent pas, de mi-octobre à mi-décembre 2019, la Police Nationale a lancé une campagne de ciblage direct dans Snapchat, Instagram, Facebook et Messenger. Et en lieu et place d’une publicité générique adressée à tous, les posts sont envoyés directement à des individus susceptibles d’être intéressés.

Cibler directement des internautes susceptibles d’être intéressés

Ces jeunes internautes sont qualifiés au travers de leurs publications dans les médias sociaux. La campagne d’information recherche des profils prompts, par exemple, à partager leurs activités sportives, ou leur engagement dans des actions associatives. Résultat : un total impressionnant de 390 000 profils. Un premier succès pour la Police Nationale. C’est la startup Bonanza qui est venue démarcher la Police Nationale pour lui proposer ce type de dispositif, justement sur un de ses forums d’information. « Nous avions bien eu l’idée d’utiliser les réseaux sociaux, mais nous ne savions pas du tout comment, techniquement, cibler le public voulu, raconte le commandant Tatiana Tissot. Je suis allée rencontrer Bonanza dans leur incubateur et le courant est très bien passé. Ils ont bien compris l’institution, nos métiers, nos difficultés, nos besoins. »

Une prise de contact en deux temps

Bonanza investit dans des campagnes ciblées dans les différents médias sociaux. Dans le cas de la Police Nationale, Snapchat est clairement le plus efficace car le plus fréquenté par un cœur d’audience entre 18 et 35 ans, suivi par Instagram. Facebook et Messenger n’étant que rarement utilisés par les plus jeunes. La prise de contact avec les profils repérés se fait en deux temps. Ils reçoivent une story, une actualité dans leur son fil ou un message pour les informer que la Police recrute et ce, sans profil type. Ils sont ensuite invités à se rendre sur devenirpolicier.fr pour laisser nom, prénom, adresse et numéro de téléphone pour être recontacté. Début décembre, l’institution avait déjà reçu plus de 300 candidatures sérieuses.

 

Une fois contacté dans les réseaux sociaux, les candidats potentiels sont invités à se rendre sur DevenezPolicier.fr

Lever les nombreux obstacles à l’identification de candidats

Ce type de ciblage dans des médias comme Snapchat permet de lever de nombreux obstacles à la candidature dans la Police. Les candidats doivent en effet être de nationalité française, passer des épreuves sportives et une visite médicale, avoir un casier judiciaire vierge, faire preuve de probité et d’honnêteté. C’est une enquête d’entourage et dans les médias sociaux qui permet d’ailleurs de s’assurer de ce dernier point. Ils doivent aussi absolument maitriser la langue française orale et écrite. « Dans la Police, nous écrivons tout le temps ! » rappelle le commandant Tatiana Brissot. En résumé, le champ est plutôt restreint. Et rares sont les candidats qui cochent toutes les cases. « C’est pour ces raisons qu’il nous faut au moins 7 ou 8 postulants par poste à pourvoir, complète-elle. Et en Ile-de-France, nous recrutons un près d’un millier de postes par an environ. »

« Au final, il ne restera que l’humain et les réseaux sociaux »

Cette campagne vise à trouver des jeunes sans le Baccalauréat pour les informer sur le métier d’ADS et les conduire si possible à postuler. C’est une des initiatives de la Police Nationale pour l’égalité des chances. « On voit des jeunes en échec scolaire se révéler. Cela rebat les cartes, insiste le commandant. Mais cela permet aussi aux jeunes de tester nos métiers, de voir si ça leur plait avant de passer le concours de gardien de la paix. Les ADS y ont un accès prioritaire. »

La campagne francilienne est un test de deux mois, compatible avec le budget restreint consacré à ce type d’opération.  S’il est concluant, il devrait être étendu aux autres régions.  « Cela fait longtemps que j’exerce cette fonction, raconte le commandant Tatiana Brissot. J’ai vu le recrutement et les candidats évoluer. Cela bouge beaucoup ! Et selon moi, à la fin, pour promouvoir nos métiers, il ne restera que les rencontres en physique, l’humain donc, et les réseaux sociaux. »

Emmanuelle Delsol