Datalumni refond ses communautés d’anciens pour mieux s’adresser aux entreprises

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Datalumni édite une plateforme de création et d’animation de communautés d’anciens. Conçue en 2018 pour les écoles, la solution évolue pour s’adresser de plus en plus aux entreprises et à leurs anciens collaborateurs. La startup de tout juste 2 ans n’a pas hésité à redévelopper totalement son logiciel en Python pour profiter du machine learning, d’analyses plus pertinentes et de découverte de nouvelles idées d’utilisation de ces réseaux. (Laura Lizé, fondatrice)

Donner une marque employeur à son entreprise, comme elle dispose d’une marque commerciale, est une préoccupation croissante des entreprises. Pour la jeune pousse Datalumni, cela passe par la création et l’entretien d’une communauté de collaborateurs actuels et surtout anciens. Pour ce faire, elle a conçu une plateforme de mise en relation des anciens avec leurs employeurs, leurs associations et leurs écoles. Ce dispositif privé, propre à l’organisation, permet aux DRH de bâtir et d’entretenir un réseau avec ses anciens collaborateurs en automatisant une grande partie de la démarche. La solution comprend bien sûr un annuaire et un job board, mais aussi un blog collaboratif, un outil de mailing de masse, des analyses statistiques personnalisables et un dispositif de mentorat. La nouvelle version, passée à Python, disponible en anglais, avec de nouvelles fonctions, fait une part plus belle aux utilisateurs, c’est-à-dire aux membres de la communauté, afin qu’ils exploitent eux aussi ce réseau.

Favoriser la cooptation ou le retour de ceux qui sont partis

Pensée au départ pour les écoles et leurs anciens élèves, la solution se tourne ainsi désormais fortement vers les entreprises et leur DRH. « Nous travaillons avec 55 organisations dont les trois quarts sont encore des établissements d’enseignement. Le reste se répartit entre entreprises, réseaux d’entreprises et d’autres réseaux, précise Laura Lizé, fondatrice de Datalumni. Mais nous avons une forte volonté de nous tourner vers les entreprises, les plus grandes en particulier. » Laura Lizé s’est inspirée en particulier des Big 4. Selon elle, ces géants du conseil partent du principe qu’ils doivent fournir un service carrière à leurs collaborateurs.

Pour une entreprise, animer et entretenir une communauté d’anciens, cela se traduit par un lien et un sentiment plus forts d’appartenance, mais aussi par une image crédible, puisque partagée par le réseau. Elle permet d’attirer des candidats ou de conserver des employés. C’est aussi un moyen de suivre les anciens dans leur évolution sans perdre le contact, de favoriser la cooptation ou le retour de ceux qui ont quitté la structure (les salariés boomerang), de développer le mentorat, ou d’influencer favorablement un client, etc. La plateforme s’attache aussi à intégrer les travailleurs indépendants dans son dispositif.

Une connexion directe aux comptes Linkedin des anciens

Pour remplir l’annuaire, les anciens collaborateurs complètent leurs informations par le biais d’un questionnaire. Une connexion directe à leur profil LinkedIn permet ensuite de suivre leur évolution de carrière. Côté job board, Datalumni a d’abord pensé son espace d’offres d’emploi davantage pour l’entreprise que pour les anciens employés. C’est elle qui communique sur ses postes vacants directement auprès de ceux qui la connaissent bien, les membres de la communauté. Un d’entre eux peut postuler et revenir dans l’entreprise ou recommander une autre personne. « La cooptation est une démarche désormais bien admise chez les salariés d’une entreprise, précise Laura Lizé. Mais c’est moins le cas dans la communauté d’anciens. Et nous essayons de changer cela. » Pour ce faire, la startup joue avec la gamification, y compris pour la description des profils. Et dans la nouvelle version de Datalumni, les utilisateurs peuvent à leur tour signaler qu’ils recherchent un emploi. Jusqu’ici, ils ne pouvaient que répondre aux annonces publiées. De plus, les membres de la communauté pourront plus facilement exploiter leur appartenance à plusieurs réseaux (école, anciens employeurs, réseau professionnel, etc.), même si les plateformes restent privées pour chaque organisation.

Mailing massif et blog collaboratif, pour animer la communauté

Pour animer la communauté sans grever son précieux temps avec des tâches gourmandes, mais peu valorisantes, le DRH a accès à un module de mailing massif et à un blog collaboratif. Le premier facilite l’envoi de messages ciblés, personnalisés vers la communauté d’anciens. « L’entreprise peut s’adresser à toute sa base ou filtrer par catégorie de collaborateurs, types d’entreprise, école, etc., explique Laura Lizé. Le DRH peut envoyer une invitation pour une rencontre en fin de journée, uniquement aux comptables spécialisés dans les fusions et acquisitions. » Le blog collaboratif vise le même but : faciliter l’animation de la communauté sans ajouter de charge imposante aux équipes RH. Il est géré par l’entreprise, mais les membres de la communauté peuvent aussi soumettre des articles ou leur portrait.

Un portrait éditorialisé et automatisé pour chaque ancien

Datalumni a conçu un questionnaire de mise en avant pour chacun et formate ensuite automatiquement une interview à publier. « Les portraits d’anciens sont un des vecteurs de communication les plus forts pour une école, une entreprise ou une association, » affirme Laura Lizé. Les utilisateurs, eux, sont totalement autonomes (l’administrateur de la plateforme dans l’entreprise valide néanmoins toutes les publications) et disposent ainsi d’une visibilité personnelle auprès de leurs pairs et des entreprises. « Jusque-là, les utilisateurs n’y trouvaient pas vraiment leur compte, regrette la fondatrice de la startup. Ce portrait automatisé est des évolutions de la solution pour rendre complémentaires les usages de collaborateurs et les usages d’organisation. »

Le mentorat des anciens, clé de l’intégration des nouveaux

Juriste d’affaires dans un grand groupe, puis journaliste et enfin entrepreneuse, Laura Lizé est convaincue de l’importance du mentorat pour contre l’échec scolaire et universitaire. C’est ce qui l’a poussé à créer Datalumni à l’origine. Sans surprise, une des fonctions au cœur de sa plateforme, le mentorat, est aujourd’hui transposée au monde de l’entreprise. Qui mieux qu’un ancien collègue, identifié, recommandé, pour avancer dans son évolution professionnelle ? « Des anciens s’identifient comme mentor bénévole sur la plateforme pour accompagner quelqu’un de plus jeune ou moins expérimenté et l’aider à s’intégrer, détaille la fondatrice de la startup. Chez nos clients, 40% des anciens se portent volontaires. » Le demandeur sollicite directement le mentor qui peut accepter ou refuser. S’il est d’accord, la discussion s’engage par chat, et un dispositif de suivi pousse les deux parties prenantes à prendre rendez-vous et échanger au moins une fois par mois.

Une plateforme entièrement réécrite pour profiter de l’IA

Outre ce dispositif et les fonctions de base de création et d’animation de la communauté, et le très central mentorat, Datalumni a développé des analyses statistiques sur mesure, pour exploiter les données récoltées, en fonction des besoins de l’entreprise. Elles portent par exemple sur l’expérience collaborateur ou l’image de l’entreprise. Il est possible de proposer des sondages pop-up aux inscrits lorsqu’ils se connectent, pour compléter les données de base. Bien qu’âgée de seulement deux ans, la startup a d’ailleurs décidé de totalement réécrire son logiciel en Python alors qu’il avait été développé avec Symphony. Objectif : mieux exploiter encore les données et proposer des analyses, des rapports et identifier des pistes nouvelles à l’aide d’algorithmes de machine learning et de deep learning. « Dans notre nouvelle version, nous avons poussé très finement les analyses de profils pour les utilisateurs, par exemple, pour les accompagner dans la définition de leur persona ou leur évolution de carrière, » ajoute Laura Lizé.

IA et recherche comportementale sur la mise en relation

Pour une entreprise, l’abonnement en SaaS à sa plateforme coûte entre 3000 et 5000 euros annuels, en fonction du nombre d’anciens. Le business model de Datalumni repose sur les services complémentaires de paramétrage et d’accompagnement, en community management, par exemple. La startup compte aujourd’hui 6 salariés. Un profil technicien et un profil commercial ont rejoint Laura Lizé en tant qu’associés un an après la création de l’entreprise, auxquel se sont joints trois salariés. Elle est incubée au sein des Papeteries Image Factory /à Annecy, en Haute-Savoie. Elle espère que sa nouvelle version, également disponible entièrement en anglais, lui ouvre des portes dans le reste de l’Europe.

Datalumni fonde une grande partie de son développement futur sur les technologies d’intelligence artificielle, mais pas seulement. Elle s’implique également dans la recherche comportementale sur la mise en relation. « Nous travaillons beaucoup sur l’influence du mentorat sur l’échec scolaire, s’enthousiasme Laura Lizé. C’est justement là que nous disposons d’une masse de données. Mais nous pouvons imaginer le même type d’études sur l’intégration des collaborateurs, en comparant deux groupes tests avec mentor ou sans mentor. »

Emmanuelle Delsol

 

 

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