Étude : Les attentes des 18-30 ans encore mal comprises par les employeurs

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L’association A Compétence égale a publié son 3e baromètre des juniors et de l’accès à l’emploi. Les 18-30 ans et les responsables RH interrogés s’accordent sur l’importance de l’intérêt de la mission et de l’éthique. Mais leurs points de vue divergent quant à la nécessaire autonomie et à la stabilité recherchée par la nouvelle génération, et à leur capacité à gérer le stress. (Photo StartupStockPhotos / Pixabay)

Les plus jeunes attendent de leur futur employeur qu’il leur confie des missions intéressantes, qu’il respecte une certaine éthique et qu’il leur laisse de l’autonomie. Les entreprises les rejoignent sur ces thèmes, mais surestiment l’importance qu’ils donnent aux perspectives d’évolution et à la rémunération. Ces constats sont ceux du 3e baromètre annuel sur les juniors et l’accès à l’emploi, établi par l’association A Compétence égale qui regroupe cabinets de recrutement et entreprises autour du sujet des discriminations en entreprise.

L’association a demandé à près de 800 personnes entre 18 et 30 ans leurs attentes vis-à-vis de l’entreprise, de leur futur manager et de leur projet professionnel. Trois cibles qui se confondent souvent. Mais pour la première fois, elle a aussi interrogé une centaine de responsables RH sur ce qu’ils pensent de ces mêmes attentes. L’association cherche ainsi à comprendre les mécanismes qui font de cette tranche d’âge une des plus touchées par la précarité salariale et le chômage. Et trouver des moyens d’y remédier. L’enquête, menée fin 2019 et début 2019, ne tient cependant pas compte de l’impact lourd de la pandémie en particulier sur l’emploi des plus jeunes.

Divergences sur l’autonomie et le savoir-faire

Parmi les points communs entre jeunes et entrepris, on trouve l’intérêt de la mission proposée pour près de la moitié des juniors et près de 45% des organisations. Les 18-30 placent l’éthique et l’engagement en deuxième position, là où ils plébiscitaient l’autonomie en 2018. La rémunération arrive toujours en queue de peloton. En revanche, les entreprises ont une vision bien moins positive de l’importance du savoir-faire et de l’autonomie des plus jeunes. Les écarts sont respectivement de 25% et de 21% entre les deux populations sur ces deux sujets. Les entreprises voient les salaires comme un atout à plus de 75%, contre à peine plus de 60% chez les jeunes. Tous s’accordent sur la motivation, la mobilité et les compétences.

Un accord autour du travail en équipe et du sens des responsabilités

L’éternel paradoxe de la jeunesse et de l’emploi reste bien ancré : les entreprises aimeraient qu’ils soient plus expérimentés, et ne les embauchent donc pas… les empêchant ainsi d’accumuler de l’expérience. Selon l’étude d’A Compétence égale, le manque d’expérience représente un frein à l’emploi pour 87% des entreprises et 70% pour les 18-30 ans.

Autre thème du baromètre, les « soft skills » sont le nouveau mantra des RH d’entreprises. Et ces dernières s’accordent avec les plus jeunes sur l’importance d’au moins deux d’entre elles : la capacité à travailler en équipe et la fiabilité et le sens des responsabilités. En revanche, deux compétences les opposent radicalement. Les 18-30 ans sont près de 40% à attacher de l’importance à la possibilité d’actualiser leurs connaissances contre à peine 10% des entreprises. Un contraste étonnant. Bien plus que l’inquiétude palpable des plus jeunes face au stress et à la pression. Ils sont en effet à peine plus de 10% à considérer qu’il est essentiel de savoir les gérer, quand 40% des entreprises en font une compétence essentielle.

Des jeunes à la recherche de stabilité

L’enquête révèle malgré tout que les professionnels ont bien identifié certaines préoccupations des plus jeunes vis-à-vis des managers : la disponibilité, l’autonomie et la confiance, l’aide pour progresser. Reste un étonnant fossé entre les points de vue des deux parties quant au projet professionnel. La situation économique, les crises diverses et bien entendu la pandémie expliquent que cette génération recherche avant tout de la stabilité financière et d’emploi. Une volonté pourtant peu perçue par les entreprises (31% de moins pour la stabilité financière !). L’écart est moindre, mais reste conséquent sur les deux priorités majeures des plus jeunes : le développement professionnel et l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle. Les entreprises sont respectivement 9% et 16% de moins à les considérer comme essentielles.

Optimistes et prêts à bouger

Une incompréhension qui rejoint celle des professionnels vis-à-vis de la capacité des 18-30 ans à supporter la pression… étonnement considérée comme une « soft skill ». Parmi diverses recommandations, le baromètre de A Compétence égale suggère de les convaincre que la vie en entreprise ne se résume pas au stress ! En cette rentrée très particulière de septembre 2020, ils ont été 750 000 à entrer sur le marché du travail. 8 sur 10 se disaient optimistes quant à leur avenir dans l’enquête de l’association et 7 sur 10 se déclaraient mobiles.

Emmanuelle Delsol

 

L’association A Compétence égale a interrogé 790 personnes entre 18 et 30 ans (91% ont entre 19 et 24 ans) dont 24% sont déjà en poste et 76% encore étudiants. 83% ont au moins un Bac+3 et 40% moins de 6 mois d’expérience. 49% sont franciliens et 7 sur 10 sont de jeunes femmes. 101 représentants RH ont par ailleurs été sondés. La moitié dans des entreprises de plus de 250 salariés. 55% sont franciliens et 63% sont des femmes. L’enquête a été menée durant le 2° semestre 2019 et début 2020.

 

 

 

 

 

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